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Artikel von Fernando Frutuoso de Melo anlässlich des Todes von Jacques Delors

13 January 2024 - Europäische Kommission - DE

Artikel von Fernando Frutuoso de Melo, ehemaliger Generaldirektor der Kommission, auf der...

Artikel von Fernando Frutuoso de Melo, ehemaliger Generaldirektor der Kommission, auf der Website der Fundação Francisco Manuel des Santos

Original auf Portugiesisch

Traduction (nur Französisch):

J'ai eu l'honneur et le plaisir de travailler à la Commission européenne sous la présidence de Jacques Delors, entre 1987 et 1995. Sa devise était simple : en matière d'intégration européenne, le but est le processus lui-même.

Ce fut une période de grand dynamisme réformateur : après la grave crise budgétaire du début des années 1980, Delors a réussi à donner un nouvel élan à l'intégration européenne, en s'appuyant sur trois éléments essentiels :

- D'abord, la création des conditions politiques, avec une coalition très étroite entre la France et l'Allemagne, ou, si l'on veut, entre Mitterrand et Kohl, c'est-à-dire aussi entre la social-démocratie européenne et la démocratie chrétienne, dont Delors était un maillon fondamental.
- Ensuite, avec des idées très claires sur l'avenir, à la fois par l'élargissement à de nouveaux États, avec le renforcement de la composante occidentale et nordique, avec l'adhésion du Portugal et de l'Espagne en 1986, et, dix ans plus tard, de la Finlande, de la Suède et de l'Autriche, suivie du soutien à la réunification allemande et du lancement des futures adhésions des pays de l'Est qui étaient jusqu'alors sous le joug de l'ex-Union soviétique, mais qui étaient en train de retrouver leur pleine souveraineté.

- Et, parallèlement à l'élargissement, l'approfondissement du cadre institutionnel et des politiques européennes, indispensable à l'avancement du projet européen et à l'intégration des nouveaux États membres qui adhéreront bien plus tard, en 2004. Cet approfondissement a été caractérisé par l'Acte unique européen, le traité de Schengen et le traité de Maastricht, ce dernier marquant l'apogée mais aussi le début d'une nouvelle crise profonde de l'intégration européenne.

La présidence Delors de la Commission européenne a été une période de grand dynamisme réformateur

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C'est loin de Bruxelles que Delors a vu l'entrée en vigueur de l'euro, dont il fut aussi un grand artisan. Mais aussi à travers les mécanismes de solidarité, notamment les nouveaux fonds structurels. Et aussi la solidarité avec les autres, les déshérités du monde, dans les pays en voie de développement, les plus pauvres des pauvres.

Au quotidien, c'était un homme très travailleur, rigoureux et exigeant, tout comme son plus proche collaborateur, Pascal Lamy. La Commission européenne travaillait 100 heures par heure et, je dirais même, sans heures... Beaucoup avaient adhéré au projet comme participants à un rêve de paix, de bien-être, de solidarité, de construction d'une démocratie européenne politique, économique et sociale, avec une réduction des inégalités sociales, dans laquelle chacun avait les mêmes chances, de réussir sa vie par ses talents et son travail, qu'il soit portugais, français ou allemand.

En 1989, j'ai eu mon moment de gloire privé avec Delors : il était tard un vendredi, à 20 heures, lorsque le téléphone du directeur général du développement a sonné (il n'y avait pas encore de téléphones portables...) et j'ai décidé, alors jeune fonctionnaire de la Commission mais déjà assistant du DG, d'y répondre.

En 1989, j'ai eu mon heure de gloire privée avec Delors : c'était un vendredi en fin de journée, à 20 heures, quand le téléphone du directeur général du développement a sonné.

Au bout du fil, Pascal Lamy me fait immédiatement monter dans son bureau du 13e étage du Berlaymont pour me dire que le président Delors a besoin d'une note sur la structure organisationnelle et capitalistique des banques de développement... pour 22 heures... J'ai deux heures pour trouver l'information, la compiler et faire une note explicative.

Le directeur général et la haute hiérarchie étaient en mission en Afrique, il n'y avait pas d'internet et la Commission n'avait pas encore d'ordinateurs dans ses bureaux... J'ai eu la chance de trouver un petit livre bleu sur le sujet : j'ai photocopié les pages pertinentes, je me suis assise devant une machine à écrire électrique IBM (le genre avec une sphère métallique avec les caractères) et j'ai écrit la note.

J'ai couru jusqu'au 13ème étage et je suis entré dans le bureau de Lamy, qui a lu la note et m'a emmené avec lui dans le bureau de Delors : il l'a lue, n'a pas dit merci, a juste dit "c'est bien ça"... Je l'ai entendu deux jours plus tard annoncer, avec Mitterrand, la proposition de créer la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement pour les pays dits de l'Est !

L'auteur

Fernando Frutuoso de Melo
Ancien directeur général de la Commission européenne

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